INSEMINATION ARTIFICIELLE

L'insémination artificielle tend à devenir de plus en plus courante en élevage. Rappelons les indications des trois techniques d'insémination artificielle.
 
Semence fraîche: Incompatibilité d'humeur entre reproducteurs. Prévention des maladies sexuellement transmissible de la lice à l'étalon.

Semence réfrigérée: Éloignement géographique des reproducteurs.

Semence congelée: Conservation du patrimoine génétique d'un étalon de valeur. Amélioration des races. Échanges internationaux facilités (évite la quarantaine).

Le déroulement: 
On effectue un suivi étroit des chaleurs, le plus tôt possible  pour détecter le moment de l'ovulation. II est très important de bien repérer ce moment, car on insémine deux à quatre jours après l'ovulation.
Le suivi idéal correspond à une chienne amenée tous les jours  quand le taux de progestérone commence à monter (possibilité d'hospitaliser la chienne). L'insémination s'effectue le plus tard possible (les ovocytes matures) car la semence congelée résiste seulement 12 à 24 h  dans les voies génitales femelles.

Chez le mâle

Avant congélation dans l'azote liquide à - 196°C, la semence doit être bien concentrée, avec un taux de formes anormales et un taux de gamètes immobiles inférieurs à 20%. Après décongélation (moment de l'emploi) la mobilité doit être supérieure à 50%. La quantité de spermatozoïdes mobiles et fécondants doit être suffisante : on compte, en général, pour une insémination 150 à 200 millions de spermatozoïdes, sachant que l'on double l'insémination, le plus souvent à 24 h d'intervalle.

Chez la femelle

Préférable sur une chienne ayant déjà porté (donc fertile). Le suivi des chaleurs doit être le plus rigoureux possible : dès que le taux de progestérone commence à augmenter, il est nécessaire de voir la chienne toutes les 48 h, voire tous les jours.
Deux conditions pour augmenter les chances de portées : la première insémination doit avoir lieu au moins 48 h après l'ovulation et on répète les inséminations toutes les 24 h, voire toutes les 12 h, en fonction du stock de paillettes disponible. 

L'insémination intra-vaginale

Technique est la plus classique, la plus simple d'utilisation. Mais on note une baisse significative du taux de gestation et de la prolificité. Le taux de fertilité dépasse rarement 50%.


L'insémination intra-utérine 

Plusieurs modes dont celui utilisant la palpation abdominale pour guider le cathétérisme du col utérin (méthode de choix du CERCA (UMES)) qui nécessite une bonne technicité du vétérinaire. 
Ses avantages : non-invasive pour la chienne, bons résultats (environ 70% de réussite), aucune anesthésie.
Pour les chiennes difficiles à inséminer, il existe la vaginoscopie (matériel spécifique) ou les deux modes chirurgicaux que sont la coelioscopie et la laparotomie (anesthésie générale, tonte, ouverture de la cavité abdominale) mais qui permettent d'inséminer le plus près possible du site de fécondation.

• Connaissance de la date d'ovulation (suivi de chaleurs rigoureux).
• Qualité de la semence
• Site de dépôt (préférable dans l'utérus).

 Quelques données et  conseils pratiques pour la congélation  de semence canine:

• Tout chien de race pure, inscrit au LOF et confirmé peut "ouvrir son compte" en banque de semence. II existe trois banques de semence en France : celles des écoles vétérinaires d'Alfort, de Lyon et de Nantes.
  
•  Lors du premier rendez-vous, le pedigree, le carnet de santé et la carte de tatouage de l'animal sont indispensables pour l'enregistrement. Les chiots issus d'une insémination en semence congelée ne sont reconnus par la SCC que si le vétérinaire inséminateur est agréé (après formation dans l'un des trois centres ci-dessus).
  Lors de chaque prélèvement, il est conseillé d'avoir une chienne en chaleurs (fournie par l'éleveur ou le vétérinaire), afin de faciliter le prélèvement d' une semence de meilleure qualité. Beaucoup trop souvent, les propriétaires ne pensent à congeler le sperme de leur chien que lorsque celui-ci vieillit, est malade (cancer, insuffisance cardiaque...), ou sous traitement médical. II est alors parfois trop tard car la synthèse des spermatozoïdes est de moins bonne qualité sur un animal âgé et/ou subissant un traitement. Beaucoup de médicaments ont un effet néfaste sur la qualité de semence (diminution de concentration, augmentation du taux d'anomalies et de spermatozoïdes immobiles).
  
• Un étalon surmené (saillies trop rapprochées) peut donner un sperme de mauvaise qualité ou de qualité insuffisante pour envisager une congélation. II faut parfois laisser l'animal "au repos" une semaine, voire plus, avant de retenter un prélèvement.
  
• Un animal tout juste pubère ou ayant subi une longue période d'abstinence possède, en général, une semence avec de nombreuses formes anormales. II ne faut pas pour autant le considérer comme mauvais reproducteur. II suffit de le prélever à nouveau à quelques jours d'intervalle pour obtenir un meilleur sperme. II est conseillé de congeler le semence d'un étalon jeune adulte, ayant déjà reproduit (garantie du potentiel reproducteur et des qualités qu'il transmet), en bonne santé, sans traitement médical récent, dont la fonction reproductrice est utilisée de façon raisonnée.
  
• Quelques jours après la visite, une paillette est décongelée pour contrôler la résistance de la semence au procédé congélation- décongélation:
  • Si le taux de spermatozoïdes mobiles est supérieur à 50%, la semence peut être définitivement conservée.
  • Si le taux est inférieur à 50%, les paillettes sont détruites et l'étalon doit être ultérieurement prélevé.
    

• Le propriétaire de l'étalon reste propriétaire des paillettes. Le vétérinaire ne peut utiliser la semence congelée sans son consentement écrit. II pourra être contacté pour savoir s'il accepte ou non de vendre les paillettes de son chien pour l'insémination. II est possible que l'éleveur reste anonyme s'il veut se réserver l'usage exclusif de ses paillettes.

• Les paillettes n'ont pas de "date de péremption" ni de "date limite d'utilisation optimale". Elles peuvent être utilisées des mois, des années, voire des dizaines d'années après congélation.
  

• Les échanges internationaux requièrent certains examens complémentaires et renseignements administratifs : la France, l'Italie et l'Espagne restent assez tolérants. A l'inverse, l'Angleterre, le Canada, la Finlande, la Suède ou la Norvège sont plus exigeants : certificat de provenance du diluant, sérologie brucellose, leptospirose...
  Les exigences de chaque pays importateur sont disponibles auprès de la Direction des Services Vétérinaires ou du service des douanes.

Dr Sabrina COT
(UMES-CERCA, Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort)

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